L’hébergement d’urgence, l’autre boulet de Hortefeux

Publié le par webmaster

 
Sous la pression de Martin Hirsch, le gouvernement s’apprête à reculer.
 
Déjà sur la défensive sur les tests ADN ­ (lire ci-dessous), le gouvernement cherche une porte de sortie sur la question de l’amendement Ma­riani, qui restreint l’accès aux centres d’hébergement d’urgence aux étrangers en situation irrégulière. Adopté dans la nuit de jeudi à vendredi par le Sénat, ce texte suscite un vif émoi dans les milieux asso­ciatifs, gestionnaires de centre d’accueil pour les sans-abri. Vendredi, des conciliabules ont eu lieu entre Matignon, le ministre du Logement Christine Boutin, celui de l’Immigration Brice Hortefeux et le haut-commissaire aux Soli­darités actives contre la pauvreté Martin Hirsch. Dans la soirée les deux ministères et le haut-commissariat ont publié un «communiqué conjoint» annonçant que «les associations concernées vont être reçues […] dès lundi pour entendre leurs analyses et lever leurs interrogations». Mais, ajoute le texte «le droit pour toute personne d’être accueillie dans une structure d’hébergement d’urgence n’est pas remis en cause». Contacté par Libération, Martin Hirsch a indiquéqu’il avait ­obtenu «l’accord de Matignon pour trouver une solution qui soit acceptable par les associations». Le matin, sur Europe 1, le haut-commissaire, figure de l’ouverture, avait sonné déjà la charge contre l’amendement Mariani. 

«Inconcevable». 
«Ce n’est pas acceptable» a-t-il lancé rap­pelant que «les centres d’hébergement doivent être là pour héberger ceux qui en ont besoin . Le texte tel qu’il a été voté, pose problème».
 
Avant l’examen de la loi sur l’immigration, Emmaüs, la Fondation Abbé-Pierre, le Secours catholique et Médecins du monde avaient averti que l’amendement Mariani était en contradiction avec leur mission. «Depuis soixante ans, nous travaillons selon le prin­cipe de l’accueil inconditionnel de tous ceux qui se présentent aux portes de nos centres, soulignait vendredi Pierre Levené, secrétaire général du Secours catholique. Il est inconcevable de renoncer à cet ­engagement.» Pour Nicole Maestracci, présidente de la Fnars (Fédération des associations de réinsertion sociale) la loi «va conduire les structures d’hébergement à assumer un rôle de répression et de contrôle».
Distinguo.  Selon Martin Hirsch, l’article sur l’hébergement pourrait «être supprimé ou revu» en Commission ­mixte paritaire (composée de sénateurs et de députés) le 16 oc­tobre. Cet amendement interdit l’accès à l’hébergement de stabilisation (jusqu’à deux mois) aux sans-papiers. Selon cet amendement, ils n’auraient droit qu’à un hébergement d’ur­gence au jour le jour. Mais ce distinguo est biaisé : suite aux campements des enfants de Don Quichotte, tous les centres d’hébergement d’urgence ont vocation à devenir des centres de stabilisation. L’objectif étant de ne plus remettre le matin à la rue les per­sonnes qui y sont accueillies. Interdire aux étrangers sans papiers les centres de stabilisation reviendrait à les priver d’hébergement. 
Par TONINO SERAFINI
LIBERATION : samedi 6 octobre 2007


Je croyais que, selon le Droit français, on pouvait être poursuivi pour mise en danger de la vie d'autrui?...
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