Ségolène Royal dans la presse européenne

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Voici les réactions de la presse européenne, vendredi 17 novembre, après la victoire de Ségolène Royal à l'investiture du PS pour la présidentielle.

 
LE TEMPS (Suisse)
Sylvain Besson

"L'écrasante victoire octroyée par les socialistes français à Ségolène Royal traduit un puissant désir de renouvellement, doublé d'un rejet presque violent – visible dans l'ampleur du score – des élites au pouvoir.Ce phénomène d'apparence "populiste" s'était déjà manifesté, sous d'autres formes, avec l'arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002, et le refus de la Constitution européenne en mai 2005. Face à cette envie d'un "coup de balai" politique et générationnel, l'expérience et la compétence de Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius n'ont été d'aucun secours. Au contraire : l'ancien ministre de l'économie et l'ancien premier ministre sont apparus comme les représentants de la classe dirigeante traditionnelle.
 

Ségolène Royal, elle, a réussi à incarner le changement, grâce à sa fraîcheur et son discours centré sur les valeurs ("ordre juste") et les attentes des citoyens ("démocratie participative"). La candidate a aussi été portée par l'impression, renforcée par de multiples sondages, qu'elle est la seule à gauche à pouvoir battre Nicolas Sarkozy. Son aura, la mystique qu'elle entretient soigneusement autour de sa personne – voire son culte de Jeanne d'Arc – ont convaincu les militants socialistes qu'une victoire présidentielle était possible l'an prochain.
Elle a désormais le redoutable privilège de devoir transformer cette promesse en réalité."

LE GUARDIAN
Angelique Chrisafis

"(...) La "madone des urnes", dont l'opposition personnelle à un père autoritaire, militaire de carrière, et le combat contre le sexisme perceptible de la vieille garde de son parti, ont fasciné la France beaucoup plus que ses propositions politiques, a remporté une victoire décisive après une primaire acrimonieuse très américaine dans son style.
Elle a surpris les socialistes de la vieille école en esquivant la machine du parti, utilisant Internet pour se construire une base de soutien et attirer directement les électeurs en promettant de rompre avec l'élite politicienne française distante et impopulaire. Ses supporters, appelés "royalistes", disent qu'elle est la figure la plus populaire à gauche et la seule capable de battre le candidat de centre-droit Nicolas Sarkozy, le ministre de l'Intérieur, à la présidentielle.
Un sondage publié hier dans Le Point montre qu'elle pourrait être coude à coude avec lui s'ils étaient tous les deux au deuxième tour. La victoire de Mme Royal fait d'elle la première femme, d'un parti important, candidate à la présidentielle en France. Son investiture marque un changement dans la manière dont les socialistes se positionneront pour arracher des voix à la droite. Avec M. Chirac, le président le plus impopulaire de l'histoire de la cinquième république, la gauche espère gagner pour la première fois depuis M. Mitterand.
Mme Royal semble représenter une troisième voie pour la gauche française, même si son admiration pour Tony Blair la fait apparaître aux yeux de certains comme une traître à la cause socialiste."

TIMES

"La victoire de Mme Royal après la première primaire organisée en France menée à l'américaine, est une révolution dans la vie des partis politiques traditionnels du pays. La photogénique compagne de François Hollande, le leader du parti socialiste, organisa sa campagne sans la hiérarchie du parti, prêchant les valeurs plutôt que pointant les problèmes et jouant de sa médiatisation.
La gauche traditionnelle accuse Mme Royal de populisme et de se vendre au "Blairisme". Sa campagne ressemblait à celle du Parti travailliste dans ses valeurs morales et elle fût adroite dans son utilisation des médias et sa capacité à se connecter avec le public. Concernant l'économie et l'Etat-Providence, elle reste fidèle à la tradition du socialisme orthodoxe français."

PRESSE ESPAGNOLE

Ségolène Royal en route pour l’Elysée, par Jeanne Charain
Ségolène gagne les primaires et révolutionne le socialisme français, annonce ABC.
Un triomphe écrasant, ajoute El Pais qui souligne la forte participation aux primaires socialistes. Alors que El Correo offre un portrait de "la Zapatera" française.

 
LE SOIR (Belgique)
Edwy Plenel

"(…) Ce n’est pas succomber à la divination que de prédire d’autres surprises après la fulgurante percée de Ségolène Royal, intronisée sans coup férir, dès le premier tour, candidate de tous les socialistes à l’élection présidentielle. L’effet Royal est la première alerte : cette campagne électorale ne ressemblera à aucune autre.Il y a près d’un quart de siècle, les mêmes ou leurs semblables n’avaient pas cru sérieusement, lors de ses débuts, à l’effet Le Pen. Ce ne pouvait être qu’un feu de paille, une flambée poujadiste sans lendemain, une aigreur extrémiste que digérerait rapidement la sage et sereine démocratie française.
Cette double cécité — hier, vis-à-vis de Jean-Marie Le Pen ; aujourd’hui, vis-à-vis de Ségolène Royal — témoigne de la longévité et de la profondeur de la crise française dont le signe le plus alarmant est le désarroi des élites dirigeantes, leur aveuglement et leur inconséquence.
 
C’est là, dans ce mélange d’espérance et d’exaspération, d’attente et de lassitude, qu’il faut aller chercher l’origine de la vague Royal, tout comme c’est en fouillant ce terreau qu’on trouvait les racines du lepénisme. Effet Royal contre effet Le Pen : deux dynamiques radicalement opposées mais qui partagent des intuitions et des ressorts, entre constat politique et dynamique sociale. Deux réponses, l’une vertueuse, l’autre scandaleuse, l’une progressiste, l’autre réactionnaire, au même drame.Ce drame, c’est l’exclusion du peuple : oui, la triple crise — démocratique, sociale et territoriale — de la nation française a pour dénominateur commun la marginalisation du plus grand nombre. Le système institutionnel semble confisqué et épuisé, sans ouverture ni souffle, sans efficacité ni imagination."

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