"Pour prendre la tête du PS, Strauss-Kahn et Royal pourraient miser sur leurs jeunes lieutenants"

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Brise20 : Pourquoi M. Hollande ne veut-il pas se représenter à la tête du PS ?

Michel Noblecourt : François Hollande est premier secrétaire du PS depuis novembre 1997. Il est en passe de battre le record détenu jusqu'à présent par François Mitterrand, qui, lui, est resté un peu moins de dix ans à la tête du PS, et celui de Lionel Jospin, qui, lui, a été deux fois secrétaire du PS. Donc ce n'est pas une surprise. F. Hollande avait indiqué, lors du dernier congrès du PS en novembre 2005, que ce serait son dernier mandat.

Ce qui s'est passé, c'est que, évidemment, la date de son départ effectif était un peu indexée sur le résultat de l'élection présidentielle. Si Ségolène Royal avait été élue, F. Hollande aurait quitté la direction du PS très rapidement, pour prendre d'autres fonctions. Là, le problème devant lequel il était placé, c'est que comme cette élection a été une défaite pour le PS, automatiquement, les tirs se sont concentrés sur lui. Il a été jugé comme le principal responsable de la défaite, donc il y avait une très forte pression sur lui.

On peut imaginer que, là, il a voulu un peu empêcher cette pression de monter encore pendant les législatives en indiquant que de toute façon il s'en irait au prochain congrès, normalement prévu en novembre 2008.


diogene : Quel rôle jouera François Hollande lorsqu'il quittera son poste de premier secrétaire du PS ?

Michel Noblecourt : Je pense que son avenir politique sera de peser sur l'orientation du PS. Il continuera à jouer un rôle. Si le congrès a lieu à la date prévue, ce qui n'est pas acquis, en novembre 2008, il aura été onze ans premier secrétaire. Il ne va pas disparaître dans une trappe. Je pense qu'il sera toujours maire de Tulle.

Le schéma que je décrivais tout à l'heure de cette fédération, de cette nouvelle alliance de la gauche au centre, il en parle lui-même. Il a évoqué la nécessité de créer un grand parti. Il peut, à l'intérieur de cette coalition, essayer de trouver sa place. Ensuite, la question de ses relations politiques avec Ségolène Royal se posera peut-être au sein de cette nouvelle coalition.


Jean : Puis-je savoir de quelle manière va être choisi le prochain secrétaire du PS ?

Michel Noblecourt : Il sera choisi par un vote des militants du PS. C'est une procédure qui a été instaurée en 1995, lorsque Lionel Jospin, après son échec à l'élection présidentielle de la même année, a repris la direction du parti. Il a introduit une réforme : l'élection du premier secrétaire par l'ensemble des militants du PS. C'est donc sous cette forme que F. Hollande a été élu en 1997, réélu en 2000, en 2003, en 2005. Son successeur devra donc se soumettre à la même procédure.

Catherine Fourcade : Quelle est l'influence du vote des nouveaux adhérents, ceux issus de la campagne d'adhésion à 20 euros ?

Michel Noblecourt : Cette campagne a provoqué effectivement un afflux de nouveaux adhérents, à tel point qu'au moment de la primaire socialiste, pour la désignation du candidat à l'élection présidentielle, il y avait 220 000 adhérents qui étaient électeurs. Il y en avait à peu près 100 000 de plus que lors du congrès du Mans en novembre 2005. Depuis, d'autres adhérents ont rejoint le PS, qui a flirté avec les 300 000 adhérents. On ne sait plus très bien son nombre d'adhérents. Il faut savoir que cette formule très avantageuse d'adhésion était tout à fait temporaire. Donc théoriquement, il n'est pas prévu qu'elle soit reconduite.

Il n'est donc pas acquis que le PS réussisse à conserver ce nombre d'adhérents, surtout après sa double défaite : la défaite à la présidentielle et celle probable aux législatives. Ce ne sont pas des facteurs qui conduisent à une forte implication des militants, il est donc possible qu'il y ait une érosion. Sur la sympathie des nouveaux adhérents pour S. Royal, elle est évidente. Une grande partie d'entre eux ont voté pour elle et sont venus au PS pour voter pour elle. S'ils restent, ils pèseront certainement d'une façon décisive dans le choix du futur patron du PS.


Viking : Qui serait le plus bénéfique pour le PS comme secrétaire : un présidentiable, ou un homme ou une femme qui rassemble, sans ambition personnelle marquée ?

Michel Noblecourt : L'idée de François Hollande, qu'il n'a pas réussi à imposer quand il était en responsabilité, c'était que le candidat naturel du PS était son premier secrétaire. En fait, on s'aperçoit que cette situation a été plutôt rare au PS, puisque seul F. Mitterrand, lorsqu'il était candidat en 1981, était à ce moment-là premier secrétaire du PS. En 1988, il s'est représenté. En 1995, Lionel Jospin s'est présenté à l'Elysée à l'issue d'une primaire qui l'avait opposé au premier secrétaire du PS en place, Henri Emmanuelli. Et en 2002, Lionel Jospin n'était pas premier secrétaire, puisqu'il était premier ministre.


LEMONDE.FR | 24.05.07 | 12h54 • Mis à jour le 24.05.07 | 17h07

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