Ah! Ségolène!...

Publié le par webmaster

Le samedi 22 septembre 2007

Mario Roy

La Presse (cyberpresse.ca)

Ségolène Royal a fait son tour du Québec, un parcours presque triomphal auquel il ne manquait que le défilé sur le chemin du Roy et l'apparition au balcon de l'hôtel de ville de Montréal! C'est peu de dire, en effet, que la candidate défaite à la dernière élection présidentielle française a été bien accueillie: elle l'a été avec une affection et une ferveur frisant l'adulation.

Pour l'entendre à l'Université de Montréal, on s'est physiquement bousculé aux portes d'un amphithéâtre de 750 places subitement devenu trop petit. À la sortie, il a fallu la protéger, comme on le ferait pour une vedette rock.

Plusieurs ont parlé de «Ségomanie». Et c'est bien de cela qu'il s'agit.

Car ce n'est ni le pouvoir dont elle ne dispose pas, bien entendu, ni le souffle qu'elle aurait donné à son parti ni son discours politique, qui fascinent. Pour voir les choses froidement, Ségolène Royal vit pour l'instant l'échec sur tous ces plans. Et l'échec n'a jamais séduit les foules.

La candidate a dû laisser Nicolas Sarkozy entrer à l'Élysée après avoir, le 6 mai, accusé un déficit de six points de pourcentage, d'autant plus significatif que la participation au second tour de la présidentielle a été forte, à hauteur de 85%.

Le Parti socialiste, qu'elle dirige de facto, est arrivé à un ultime degré de déconfiture. Le problème du leadership reste entier. L'usine à idées est fermée. Les pontes du parti s'entre-déchirent: à 5000 kilomètres de chez elle, Ségolène Royal a ainsi dû répondre à la charge de Lionel Jospin (dans L'impasse, un brûlot qui sera disponible en France dans deux jours).

Enfin et surtout: son discours politique a peu de substance, ce qu'on avait subodoré il y a six mois. L'allocution qu'elle a prononcée à l'UdM a pris la forme d'une fournée de tartes aux pommes bien chaudes et bien sucrées. Évidemment que la francophonie est une grande chose! Que le Québec est admirable de résilience! Que la diversité culturelle est souhaitable! Qu'il faut davantage d'égalité (et de liberté, et de fraternité)! Qu'on doit se méfier du profit et de la mondialisation!

Quelque chose de neuf, à part ça ?

Pourquoi la «Ségomanie», alors? C'est assez simple.

D'abord, Ségolène Royal porte la bonne étiquette - le bon logo, dirait Naomi Klein. Elle est socialiste. Ce qui, en politique, demeure le dernier courant romantique, quelles que soient les rebuffades que la réalité lui oppose avec entêtement.

C'est une très belle femme, ensuite, titulaire d'un charme irrésistible. La remarque n'est pas sexiste: des hommes ont profité d'atouts comparables, Tony Blair, Bill Clinton, Pierre Trudeau. Et, à un autre niveau, Che Guevara, certainement pas idolâtré chez les ados pour son héritage intellectuel ou politique...

Enfin, elle possède cette sorte de magnétisme indéfinissable dont était aussi pourvu Trudeau, encore. Ou René Lévesque. Ou Ronald Reagan. Ou François Mitterrand. Ne pas en disposer condamne un chef à une survie politique difficile - comme pourrait sans doute en témoigner Stéphane Dion.

Ségolène Royal aura donc séduit le Québec. Mais il lui reste toujours à conquérir la France.

 

 
 
 

 Ce que dit la presse canadienne

 

 
 
 
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