Intervention au Conseil National du PS le 7 octobre

Publié le par webmaster

“Je mesure la solennité de ce moment qui fait honneur à notre parti. J’en mesure l’importance, sa gravité, la responsabilité qui est la nôtre, mais notre chance aussi.

Je voudrais saluer les deux autres candidats, Dominique et Laurent, et avoir un geste sincère de respect pour Jack et Lionel. Je pense que leur décision n’a pas été facile à prendre, que ceux qui les soutiennent ressentent un certain désarroi. Mais je veux penser ici, parce que nous sommes socialistes, que ce qui nous sépare est moins fort que ce qui nous rassemble. Et que parce que la droite est forte, nous aurons besoin, demain, de tout le monde pour gagner cette bataille décisive.

Le débat interne qui s’ouvre doit être utile, et servir par sa qualité au principal combat.

Rassembler les socialistes, c’est tout simplement d’abord, le projet, c’est une évidence. Cette campagne interne, mais aussi cette bataille, demain, doivent servir à mettre en valeur le projet et à le faire connaître aux Français. C’est pourquoi je voudrais revenir sur les leviers de ce projet, m’exprimer sur les enjeux de l’élection présidentielle et évoquer la bataille contre la droite.

Le projet nous rassemble, c’est ce qui fait notre unité. Il s’appuie sur trois leviers : agir à gauche, c’est à dire combattre sans relâche les inégalités, s’appuyer sur les citoyens et les forces sociales pour réformer, échanger le rapport de force entre le capital et le travail.

Le deuxième axe, c’est donner un avenir à la France, et le troisième répondre aux problèmes d’aujourd’hui.

Donner un avenir à la France, un désir d’avenir, car la France n’est pas en déclin, elle est simplement en de mauvaises mains. Les Français sont créatifs, ils ont du talent. Les territoires sont attractifs, et nous la remettrons, cette France, et ces territoires, en mouvement, sur la base d’une confiance retrouvée.

Répondre aux problèmes d’aujourd’hui, le projet s’y attelle, en soulignant qu’il faut inventer ces nouvelles sécurités pour faire face aux mutations, repenser les conditions de la croissance face aux risques : aux risques sociaux, aux risques environnementaux, aux risques liés à la mondialisation.

Redéfinir la fonction de l’Europe et la place de la France dans le monde, en mettant tout en œuvre, dans des logiques de co-développement ou de développement solidaire, pour réduire les écarts entre les pays du nord et les pays du sud, seule solution pour maîtriser les migrations de la misère. Alors oui, deux visions de la France et deux conceptions opposées de l’exercice du pouvoir sont devant nous.

De notre côté, la solidarité contre toutes les formes de brutalité, puisque la droite a érigé les divisions comme forme de gouvernement, en dressant les Français les uns contre les autres. Le développement équitable d’un côté, contre les désordres du libéralisme de l’autre. Nous aurons à répondre aux inégalités les plus criantes, et en particulier celle-ci, qui est au cœur de tout. Les inégalités entre ceux qui maîtrisent leur destin et qui sont assurés de l’avenir de leurs enfants, et puis les autres, tenaillés par la précarité, qui ne maîtrisent plus leur vie.

C’est pourquoi, comme le dit le projet des socialistes, la bataille pour l’emploi, pour le plein emploi, pour le pouvoir d’achat, la lutte contre toutes les formes de précarité, la sécurité du salaire, la réussite à l’école, sont au cœur de notre projet, et tout le reste en dépend, car des parents précaires, c’est toute la famille qui est déstabilisée, et c’est l’effort scolaire qui perd son sens.

Oui, les socialistes doivent pouvoir prouver, au cours de cette campagne, qu’ils sauront mettre en place, pour tous, les conditions de base pour construire sa vie, et pour envisager l’avenir avec confiance. C’est le cœur de notre projet politique. Et aujourd’hui, la crise démocratique est profonde. La tentation de l’extrême droite est forte. C’est cela aussi, l’enjeu de 2007, car trop de gens ont le sentiment d’être tirés vers le bas. Il y a une révolte contre l’hégémonie du profit au détriment de l’humain, de l’avenir des entreprises, et du travail, dont il faut reconstruire la valeur que la droite a cassé par la précarité.

Il y a une attente exaspérée de ce qui ne vient pas, pour stopper ce sentiment d’être rétrogradé. Il y a une angoisse, Henri Emmanuelli le disait tout à l’heure, nourrie par les délocalisations sauvages qui détruisent les emplois et qui font que les Français s’interrogent : pourquoi l’Europe ne se protège pas davantage ?

Exercer le pouvoir avec autorité et sérénité, écouter pour agir juste

Il y a un vécu quotidien de la violence, une saturation qui appelle une vigilance permanente, et qui fait que les Français les plus exposés à la violence rejettent les autres.

Alors, la présidentielle de 2007 doit mettre un coup d’arrêt et de nouveau, tirer la France vers le haut. Nous réussirons à mettre fin à ces désordres, nous réussirons à mettre en place un ordre social et international juste, et des sécurités durables. Nous réussirons à renforcer l’action de l’État tout en libérant les initiatives régionales et l’esprit d’entreprendre. Oui, il s’agira d’exercer le pouvoir avec autorité et sérénité, sobriété et efficacité, rendre des comptes, écouter pour agir juste, associer les citoyens aux décisions qui les concernent. Refuser les brutalités, les divisions, et tenir debout ensemble, pour faire avancer la République et la nation. Oui, je le dis, la nation, car l’élection présidentielle, c’est un moment exceptionnel pendant lequel les Français s’interrogent sur le pacte social, dans le cadre de la nation. La nation qu’il ne faut pas abandonner à la droite, et qui n’a pas à être opposée à la République et à l’État. Car comme le disait Jean Jaurès, « c’est la nation, disait-il en 1902, qui longtemps encore fournira le cadre historique du socialisme, le moule d’unité ou sera coulée la justice nouvelle, il n’y a que la nation qui puisse affranchir tous les individus, et fournir à tous les moyens du libre développement. Et quand la nation est forte, disait-il, alors elle peut se tourner vers l’internationalisme. »

Et donc cette campagne interne sera utile si elle éclaire les enjeux du combat contre la droite. La campagne devra mettre fin à l’insupportable écart entre les discours et les actes qui sapent la confiance dans la politique. La campagne et la victoire contre la droite se construiront dans le mouvement. Rien n’est fait pour l’instant, tout se mérite, tout se déclenche par notre force et notre conviction.

« Passer d’une démocratie de rejet à une démocratie de projet »

La campagne sera participative, non pas parce que les citoyens ne veulent plus assister, immobiles, à des meetings, ou simplement prendre des tracts. Ils ont soif de participer, ils ont soif de compter pour quelque chose, et notre rôle sera de remettre le peuple au cœur du projet des socialistes. C’est comme cela que nous réussirons à construire le pacte social, et à rassembler la gauche. C’est comme cela, aussi, que nous donnerons la conviction que la volonté politique a un sens et qu’elle pourra agir juste. C’est la condition pour passer d’une démocratie de rejet à une démocratie de projet. La dénonciation de la droite ne suffira pas. Sinon, il y aura des désillusions, et des prises de distance.

C’est pourquoi je crois à cette démocratie participative, qui complète et qui renforce la démocratie représentative. C’est elle qui va déterminer la force de l’adhésion à un projet. C’est le meilleur rempart contre le populisme. Le populisme est un mouvement négatif, c’est une pulsion de dénigrement, de destruction, de déconstruction. C’est ce qui explique aujourd’hui ce qui se passe en Belgique. Il dépend de nous de le combattre, ce populisme, par la force de l’engagement. Tout dépend de notre capacité d’entraînement.

Alors l’enjeu de cette élection présidentielle, c’est de remettre une nation qui tienne debout, et qui donne à chacun de ses enfants sa juste place, quel que soit le numéro de la génération dont il est issu. C’est la République pour tous, qui tient sa promesse égalitaire grâce au service public, et c’est enfin l’autorité d’un Etat efficace qui connaît ses raisons d’agir et qui met fin aux désordres de la mondialisation libérale. Ce que j’en déduis, pour la campagne contre la droite, si les militants m’accordent leur confiance, c’est une campagne de simplicité, d’efficacité. Et d’abord, pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?

Le siège de la campagne sera le siège du Parti socialiste. Car comme le répétait Henri Weber, rien ne remplace l’action du Parti socialiste dans cette campagne. Mais il faudra lutter contre cette tentation de centralisme, il faudra un territoire irrigué, une organisation des fédérations. Ce sont elles qui seront chargées d’organiser les débats participatifs sur le projet, sur le dialogue social, sur l’éducation, sur l’environnement, complétés par les débats sur Internet. C’est là que se reconstruira le pacte social. C’est là, où l’on remettra le peuple au cœur du projet socialiste pour dire dès la campagne électorale comment demain nous ferons lorsque nous serons aux responsabilités.

Alors tout dépend de nous, personne n’y arrivera seul, tout dépend de notre courage, de notre sens des responsabilités, de notre volonté, de notre capacité à écouter et à imaginer, de notre intelligence collective. Les Français, si nous le méritons, ne demandent qu’à nous faire confiance. Aidons-les à comprendre notre époque pour que la France saisisse toutes ses chances.”

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