Ségolène Royal : en rouge ou en blanc ?

Rouge ou blanc ?

Eh bien, dites-moi, c’est venu vite…

Mais on a beau être prêt, on a beau savoir, quand ça vient qu’est ce que c’est vexant…

Pour l’essentiel, d’ailleurs, ce qui vient ne vient pas de la droite. À droite, c’est clair, il n’y aura pas de mots, de mots qui peuvent être répétés et choquer plus de la moitié de l’électorat. À droite, très tranquillement, on se contentera d’une équipe de campagne parfaitement masculine, et d’un Gouvernement – on en a tellement l’habitude – où les affaires sérieuses se discutent entre hommes, et où les femmes seront priées de remercier pour les quelques strapontins qu’on aura bien voulu leur laisser.

Ce qui est intéressant, c’est bien ce qui se passe à gauche.

Ce qui se passe, dit-on, dans le cœur de ces militants, qui, il y a quelques semaines sont allés jusqu’au bout de leurs convictions, et ont, à une très ample majorité, désigné une femme pour conduire leur camp à la victoire. Une femme, face à deux « éléphants » du parti, deux hommes remplis d’expérience et d’autorité…

Il y a d’abord, une fois passé le merveilleux moment de l’audace, le retour sur terre. L’une de mes citations préférées, de ce point de vue, c’est la phrase superbe, la semaine dernière, dans « Le Monde », d’un responsable socialiste toulousain : « La féminité et la nouveauté ne sont peut être pas spontanément corrélées avec la « solidité » et la « crédibilité »…Tout y est, ou presque, une femme candidate et il va falloir combattre un a priori de fragilité et d’incompétence…On peut en rire, on peut s’en agacer, mais dans les faits, on ne peut que reconnaître que ces questions sont bien posées, de fait, à Ségolène Royal…

Il y a une autre caractéristique féminine dont on n’a pas bien compris encore si elle était une qualité ou un défaut : l’émotion…Cette fois, ma citation préférée est cette confidence souriante d’un militant socialiste, après l’émission de TF1 : « au début, j’avais peur qu’elle soit trop émue »…L’émotion, tellement féminine, présente partout, dans tous les comptes-rendus des journaux. Les journalistes parlent même d’une Ségolène Royal «  habitée, mystique »…

Il y a eu aussi – l’avez-vous noté ? – la grande inquiétude des intellectuels, interrogés dans les journaux et les magasines, face à la candidature de Ségolène Royal. Tous ralliés à la forte parole de Nicolas Sarkozy, nous dit-on…N’avez-vous rien remarqué ? Moi si…Tous les intellectuels français, ou ceux considérés comme tels par les journaux, sont de sexe masculin. Dubitatifs ? Moi aussi…

Enfin dernier grand moment de bilan sur la réalité de l’égalité homme/femme dans ce pays, ce fastueux débat sur les couleurs des tailleurs de Ségolène Royal. La signification profonde – à défaut du soutien des « intellectuels » de ce pays – de la couleur de ses tailleurs. Le rouge de Villepinte ou le blanc de TF1 ?

Rosa Johnson - betapolitique.fr - dimanche 25 février 2007