"Le Monde" appelle à voter pour Ségolène Royal : un "impératif démocratique"...

Publié le par webmaster

Jean-Marie Colombani signe dans son journal "Le Monde" un long éditorial en forme de plaidoyer pour que les Français imposent le match Sarkozy-Royal au second tour. Prétextant l’"impératif démocratique", il appelle à voter pour Ségolène Royal.

Jean-Marie Colombani, directeur de la rédaction du Monde, signe aujourd’hui un éditorial qui fera date destiné à contrer la percée de François Bayrou chez les électeurs et à maintenir une bipolarisation de la vie politique française.

"Le 22 avril 2007 ne peut pas, ne doit pas ressembler au 21 avril 2002", écrit-il. "Il faut donc, au soir du premier tour, que soient réunies les conditions d’une claire et grande confrontation entre deux projets de société". Selon lui, il n’y a que deux projets de société, celui de M. Sarkzoy et celui de Mme Royal. Bayrou ? Il ne serait là que pour "contenir le vote Le Pen", dans "le retour au schéma classique d’une primaire à droite".

Exhortant Ségolène Royal de "s’assumer telle qu’elle est en réalité, c’est-à-dire convaincue de cette nécessaire évolution [vers une force sociale-démocrate moderne]", Jean-Marie Colombani encourage la candidate socialiste à "y mettre la ténacité, la force de caractère, le courage qui sont les siens".

Face à elle, Sarkozy est peut-être "le mieux préparé", voire même "à ce stade le plus "crédible"", mais il a "franchi une ligne jaune", juge Colombani. Il fait référence bien sûr au ministère de l’Identité nationale et de l’Immigration ou à la question du déterminisme génétique.

"Depuis l’élection de Jacques Chirac, en 1995, le pays n’a pas vraiment été en mesure de se prononcer clairement, positivement, pour dessiner son avenir", estime M. Colombani, qui conclut dans un appel à voter pour Ségolène Royal : "En dépit des confusions qui ont parasité la campagne, le seul projet qui s’oppose à celui de Nicolas Sarkozy et qui s’appuie sur une force politique capable de gouverner est celui de Ségolène Royal".

Conforter une vision bipolaire qui n’a plus cours

Voilà donc un appel important pour Ségolène Royal et un croche-pied au candidat Bayrou, renvoyé sur son tracteur par un Colombani qui ne jure que par une bipolarisation de la vie politique française. Le divorce que l’on ne prononce pas est pourtant bien en marche dans la partie gauche de l’échiquier politique. Croit-on vraiment au Monde qu’il y a plus de différences de vues entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal qu’entre Ségolène Royal et Olivier Besancenot, voire même, sans aller chercher si loin, Laurent Fabius ?

Parce que la France n’a pas fait le dueil d’une révolution communiste avortée, parce que la défiance à l’encontre de l’Europe grandit, parce que le 21 avril et le 11 septembre ont droitisé la droite traditionnelle, les lignes politiques bougent et ne peuvent plus se diviser en une bipolarisation.

François Bayrou n’est pas le candidat de la droite ni celui de la gauche (chacun se le renvoyant dos à dos), mais celui d’un nouveau centre qui ressemble davantage aux socio-démocrates et aux travaillistes qu’au centre de Valéry Giscard d’Estaing. Ce nouveau centre rassemble les idées des moins extrêmes de chaque bord et provoque une tripolisation de la vie politique. L’extrême gauche, si elle veut survivre, devra se rassembler et agréger la gauche du Parti socialiste. Cette gauche-là compte entre 10 et 15 % des voix des Français. La droite de Nicolas Sarkozy, parce qu’elle s’est droitisée, s’alliera demain avec (ou fera disparaître) une extrême droite qui aura de moins en moins de prise face au durcissement des positions. Le nouveau centre, cristallisé autour de François Bayrou, est le véritable enjeu du scrutin, bien plus que le choix de société illisible qu’offrent les deux principaux candidats des camps historiques.

Si François Bayrou passe le second tour, le paysage politique devra se recomposer autour de lui. A cet égard, son score reste la grande inconnue du scrutin. Deux sondages, réalisés les mêmes jours (16 et 17 avril), donnent pour l’un Bayrou en chute de 3 points à 15 %, et pour l’autre Bayrou en hausse de 2 points à 19 %. Prenez en compte les marges d’erreur, et le potentiel électoral déclaré par les sondages pour François Bayrou oscille entre 13 et 21 %.

Il n’y a pas d’impératif démocratique à écarter François Bayrou du second tour. Pour une grande partie de son électorat, et pour lui-même, il s’agit au contraire d’un impératif démocratique que de figurer en finale.

Le tremblement de terre du 21 avril était une secousse terrible non pas seulement pour le Parti Ssocialiste, mais pour la France dans son ensemble. Si le PS devait être encore absent au profit de François Bayrou, qu’importe le tremblement de terre interne au parti. Ce qui importe pour la France, ça n’est pas d’écarter François Bayrou pour permettre au PS de continuer à boîter, mais d’écarter Jean-Marie Le Pen pour offrir un choix politique à la France.

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