La Libye se voit accorder la présidence du comité des Nations unies contre le racisme !

Publié le par webmaster

Dans le grand jeu visant à réintégrer la Libye dans la communauté internationale au titre de partenaire « respectable », il y a eu ce fait au moins choquant : l’attribution à ce pays de la présidence du comité des Nations unies chargé de préparer la prochaine conférence internationale contre le racisme. Une dépêche AFP du 31/07/07 relève l’indignation des ONG.

La conférence, prévue pour 2009, doit passer en revue les mesures adoptées depuis la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance tenue à Durban (Afrique du Sud) en 2001 et qui avait été critiquée pour ses débordements antisémites. Le comité de préparation dirigé par la Libye comprend 20 Etats et tiendra sa première session du 27 au 31 août à Genève. Deux autres réunions préparatoires seront organisées en 2007 et 2008 pour cette conférence dont le lieu n’a pas encore été choisi.

Cette désignation est passée inaperçue à l’époque, mais pour Antoine Madelin, de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), elle n’est pas « une bonne nouvelle ».

« La Libye n’est pas connue pour le respect des droits de l’homme, y compris le respect des normes contre le racisme. Il y a des pogroms contre des minorités noires venues travailler en Libye, de véritables chasses à l’homme. », a-t-il indiqué à l’AFP.

Le régime dictatorial libyen conserve son pouvoir grace à la rente pétrolière qui permet une politique de redistribution des richesses (voir « Quand la Libye se reconnecte au monde », De Guerlache, Monde diplo), et une politique de migration qui permet de faire effectuer une grande part du travail par des immigrés, le plus souvent originaire d’Afrique sub-saharienne.

Si les libyens noirs sont intégrés dans la communauté nationale, comme l’observe, BIOS DIALLO, dans un article intitulé « Schizophrénie à Tripoli », les immigrés sont, eux, confrontés à un racisme quotidien qui peu devenir virulent : « Il suffit parfois d’une étincelle pour que tout s’embrase. En septembre 2000, à Ezzaouia, une rumeur court : une jeune Libyenne a été violée par un Nigérian. Aussitôt, une véritable chasse à l’homme s’organise contre tous les Subsahariens, sans distinction. Ezzaouia, Tripoli et d’autres grandes villes sont le théâtre de véritables scènes d’émeutes. Un diplomate tchadien est molesté, l’ambassade du Niger est la proie des flammes. On ne connaîtra jamais le nombre exact des victimes. Les autorités avancent le chiffre de six morts et de plusieurs dizaines de blessés. Les organisations des droits de l’homme parlent de cinq cents morts. « Nous vivons la peur au ventre, raconte Adoune le Tchadien [32 ans]. Il arrive souvent que des civils se fassent passer pour des policiers afin de nous racketter. Inutile d’aller au commissariat : toutes les plaintes restent sans effet. Mieux vaut encore s’arranger à l’amiable avec les racketteurs. » Ces mauvais traitements et actes criminels ont aussi été constatés à l’encontre de maghrébins, selon l’association marocaine Afvic.

La Libye n’a pas ratifié la Convention des Nations unies relative au statut des réfugiés (1951), ni le Protocole de 1967 s’y rapportant.

Le rapport d’Amnesty international de 2007 sur la Libye souligne les mauvais traitements infligés aux étrangers de passage qui souhaitent passer en Europe : « les étrangers arrêtés parce qu’ils sont en situation irrégulière sont souvent frappés ou soumis à d’autres formes de mauvais traitements durant leur détention. »

« Ils (les clandestins) sont expulsés lors d’opérations collectives, sans être autorisés à rencontrer un avocat ni bénéficier d’un examen individuel de leur cas », note le rapport d’Amnesty.

Récemment, le 13 juillet 2007, Amnesty International a publié un communiqué intitulé « renvois forcés/tortures et mauvais traitements » en Libye qui signale, notamment, le cas 500 érythréens se trouvant actuellement dans trois camps où ils subissent de mauvais traitements et sont menacés de renvoi dans leur pays d’origine, une dictature militaire.

La situation des immigrés clandestins avait été précédemment pointée par Human Rights Watch qui a publié en 2006 un rapport qui accuse la Libye (avec l’aide de l’Italie), de fouler au pied les droits humains des migrants en situation irrégulière.

«  La Libye n’est pas un pays sûr pour les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés  » notamment pour ceux dont la destination finale est l’Europe en général, et l’Italie en particulier. Ce sont les propos tenus par Bill Frelick, directeur chargé de la politique des réfugiés à l’ONG américaine Human Rights Watch (HRW), à l’occasion de la publication du rapport intitulé « Stemming the Flow : Abuses Against Migrants, Asylum Seekers and Refugees (Endiguer la marée : Exactions à l’encontre des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés) ». Le document dénonce les mauvais traitements - arrestations arbitraires, passage à tabac et violences sexuelles - infligés en Libye aux migrants en situation irrégulière, originaires pour la plupart d’Afrique sub-saharienne.

Le gouvernement libyen affirme n’expulser que des migrants économiques. Ce que réfute l’enquête d’HRW menée en avril et mai 2005. Entre 2003 et 2005, ce sont ainsi 145 000 étrangers qui ont été rapatriés manu militari dans des conditions suffisamment précaires pour causer la mort de certains.

L’attribution de cette présidence est d’autant plus singulière qu’en 2003, la nomination de la Libye à la présidence de la Commission des droits de l’homme de l’ONU (remplacée par le Conseil des droits de l’homme) avait déjà provoqué l’ire des défenseurs des droits de l’homme.

Cette nomination avait servi d’argument, parmi d’autres, pour saborder la défunte Commission des droits de l’homme, qualifiée d’organe « décrédibilisé ». La Conférence de Durban sur les droits de l’homme avait également essuyé d’âpres critiques. « Il y a eu une politisation de cette conférence qui a tourné principalement autour de deux enjeux, d’une part le conflit israélo-arabe et d’autre part la dette postcoloniale. », a relevé Antoine Madelin de la FIDH.

« On y a vu le monde dans tout ce qu’il pouvait ramasser de contestation et d’extrémisme. », a-t-il ajouté. « Au forum des ONG et sur son site internet, il y a eu des propos racistes contre les juifs, des caricatures de juifs dignes de l’époque de la deuxième guerre mondiale. » L’ONU avait alors été fustigée par les Etats-Unis et Israël qui l’avaient accusée de s’être « laissée déborder ».

La communauté internationnale prend ici le risque d’enterrer l’action onusienne contre le racisme, si la Conférence tourne à l’hystérie "anti-sioniste"...


| 3 août 2007 | betapolitique.fr


Spéciale dédicace pour notre Empereur et sa secrétaire d'état aux Droits de l'Homme. Afin de lui rappeler que la Lybie, c'est pas seulement l'attentat du DC10, mais c'est aussi un régime particulièrement "démocratique"...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article