Des extraits du livre de Yasmina Reza

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Le livre des 2 journalistes du Monde sur Ségolène Royal  (la Femme fatale) ayant été largement commenté dans les médias, nous ne pouvons nous empêcher de parler longuement (avec certaines redondances) de celui-ci : pardonnez-nous.....




NOUVELOBS.COM | 23.08.2007 | 08:19

BONNES FEUILLES

Voici des extraits du livre"L’Aube le soir ou la nuit", de Yasmina Reza.

La Rolex

"Dans le salon de l’hôtel, avant le meeting de Charleville-Mézières, il prend “le Figaro” qui est sur mes genoux, visiblement attiré par un article. En une, il y a le revers électoral d’Ahmadinejad, et divers sous-titres dont son propre déplacement. En bas de page, à droite, une publicité. Après quelques secondes d’attention, il dit, elle est belle, la Rolex."

 

Les derniers vœux de Chirac

"Je me trouve seule avec lui dans son petit salon. […] Je lui ai demandé s’il voulait bien que je regarde les derniers vœux du président en sa compagnie. Je ne suis pas complètement sûre qu’il les aurait regardés sans ma requête. Je n’en sais rien. Il porte une chemise blanche et une veste en velours noir. Pas de cravate. Il ne sait pas allumer la télé, il appelle, plusieurs fois il demande, c’est à quelle heure les vœux ?

Musique républicaine.

Il s’assoit avec un jus d’orange.

Jacques Chirac apparaît. Il a les yeux exorbités et son teint est d’une pâleur mortelle. Nicolas dit, hou là ! Plus tard il dira, je ne sais pas si c’est la télé ou lui… (C’est la télé.)

[…] Il ne réagit sur rien, ou presque. Je ne peux croire ni à l’indifférence ni au détachement. Il n’attend rien sans doute de cette ultime intervention mais je ne peux ignorer l’influence de ma présence, et le fait que je l’ai entraîné pour une fois à “poser”. Cécilia arrive. Elle s’assoit. Se relève, s’occupe du feu, de la lumière, du fil télé, consulte son BlackBerry. Puis entreprend de regarder.

Le président disparaît. Nicolas coupe le son et refuse d’écouter le reste des informations. Ses commentaires: “Convenu et démodé. Aucune hauteur. A sa place, j’aurais dit, voilà je vous ai servi pendant douze ans, une nouvelle époque s’annonce…” Mais, quelques minutes plus tard, alors que nous parlons déjà dautre chose, il dit, avec vivacité lui-même: “En même temps, j’ai trouvé qu’il y avait de l’énergie chez le vieux lion.” "

  

Sarkozy-Levy

"Dans le salon du Savoy, nous prenons le thé en attendant Marc Levy. Le ton est amical, et la pointe d’impatience qu’on y sent, discrète allusion à mon snobisme, est dans l’ordre des choses. “Moi, je regrette, un type qui vend à des millions d’exemplaires ça m’intéresse. Si je lis pas Marc Levy, si je regarde pas le Tour de France, je fais un autre métier. Fais gaffe, il arrive.”

Conversation entre deux écrivains≈:

Nicolas Sarkozy. – Mon objectif était d’être à Palavas-les-Flots entre les bouées et la presse.

Marc Levy. – Là où j’étais aussi.

Nicolas Sarkozy. – Je sais. Toujours devant moi dans les ventes. Ma fille m’a chargé de vous dire qu’elle vous aime. C’est une fan absolue. Et du coup je me suis dit je vais me le faire. Mais vous avez toujours été devant.

Marc Levy. – Vous auriez intérêt à être en poche. Votre livre était un livre formidable vous auriez intérêt à vous ouvrir à un nouveau public, jeune.

Nicolas Sarkozy. – Si vous faisiez un autographe pour Jeanne, elle serait tellement… tu as pas une feuille Yasmina, quitte à être plouc, autant l’être jusqu’au bout !"

 

Sarkozy-Juppé

"La conversation venant sur le théâtre et la vie des acteurs:

Juppé. – Dans les petits rôles, on peut être heureux.

Sarkozy. – Note, note Yasmina, ce 12 février 2007, retour de Berlin, Alain Juppé dit: Dans les petits rôles on peut être heureux !

Juppé. – Je n’ai pas dit “je”.

Sarkozy. – C’est encore plus grave d’avoir dit “on”, c’est une tentative de dissimulation.

Juppé sourit.

Sarkozy. – Je connais Alain depuis trente-deux ans…

Juppé. – Trente et un.

Sarkozy. – Il veut toujours avoir raison. Ça m’est égal.

Juppé. – C’est moi qui ai raison.

Sarkozy. – Tu vois."

  

La gauche

"Il fait l’éloge de Zapatero et de son homologue Alfredo Rubalcaba. Il parle aussi en termes chaleureux de Blair et de Prodi. Je dis, c’est marrant que tu sois copain avec tous ces types de gauche. Il s’écrie, parce qu’ils ne sont pas de gauche ! Il n’y a qu’en France où les gens se vivent à gauche !"

  

A l’Elysée

"“J’ai enlevé des tas de trucs que Chirac avait laissés. Il y avait une grande corne de… (Il fait un geste.)

– De rhinocéros ?

– Non… Tu sais les types qui sont dans l’eau, qui ont une corne… Tu vois ? (Je ne vois pas et lui ne trouve pas le mot…) Tu veux un café, un jus d’orange ?”

Il s’est assis sur une banquette dorée, moi sur un siège doré. Entre nous une table basse étroite, genre chinoise. Tout est doré, rideaux dorés, moulures dorées, tapisseries dorées.

Je dis: “Tu es content ?

– C’est le mot que tu choisis ?

– Je ne vais pas dire heureux.

– Je suis serein.

– Serein, c’est bien.

– Oui. Je suis content en profondeur, mais je n’ai pas de joie.”


Sur lui-même

- "J'aime pas dépendre et j'aime pas qu'on dépende de moi"
- "Je sais être solitaire dans les décisions. C'est tout."
- "Gagner, c'est plaire, mon métier c'est décider. J'étais beaucoup plus inquiet de ma capacité à plaire"

Ségolène Royal
- "Est-ce qu'elle m'aide ? C'est pas sûr, c'est pas sûr que le fait d'être nulle soit forcément un handicap en France"
- "L'autre commence à débloquer à plein pot"

Michèle Alliot-Marie

- "Laissez-la faire son discours, qu'elle s'effrite"
- Il glisse à Yasmina Reza qui vient de s'entretenir avec elle: "comme ça, tu as vu la différence"

Henri Guaino, sa "plume"

- "Il est difficile mais il a du génie"
- "J'aime les fêlés, ils me rassurent"

Certains diplomates
"Il devient très important de se débarrasser du Quai d'Orsay"
"J'ai un mépris pour tous ces types, ce sont des lâches. Quand on est lâche, on ne réfléchit pas"

Dans la chapelle d'une prison, à une religieuse
- "La vie est lourde"

La campagne
- "Dans l'élection présidentielle, celui qui gagne, c'est celui qui dévisse le dernier dans l'escalade de l'Himalaya"
- "Le pire risque consiste à n'en prendre aucun"

La victoire

- "Je ne peux pas te dire que je suis malheureux... Me voilà enfin débarrassé de ce fardeau".

 

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