Les partisans de Ségolène Royal veulent sacrer leur candidate

Publié le par webmaster

« L’Humanité »

Ses supporters attendent qu’elle se lance à l’assaut du PS pour restaurer son unité sur une ligne de centre gauche. Retour sur une rentrée faite à Melle.

Traumatisés par le manque d’unité des socialistes pendant et après la campagne électorale, les partisans de Ségolène Royal ont gardé une foi intacte en leur égérie. Bien que moins nombreux que prévu (mille cinq cents au lieu de trois à quatre mille attendus), ils ont convergé à la Fête de la rose, à Melle, samedi dernier, pour la rentrée de l’ex-candidate, une semaine avant l’université d’été du PS à La Rochelle. Avec l’espoir de la voir jouer un grand rôle dans les semaines qui viennent, à commencer par ne pas passer son tour dans la guerre pour la succession engagée au PS. Même si Ségolène Royal récuse, pour l’instant, toute ambition de cet ordre. « Il faut qu’elle soit à la tête du parti », tranche Annie, des Pyrénées-Orientales, persuadée qu’on est « au début de quelque chose. On a cinq ans devant nous. Elle peut unir toute la gauche autour d’elle ». « Elle doit se lancer, ce meeting doit servir de "catapulte" pour qu’à l’université d’été, ça essaime », estiment Jean-Pierre et Christiane, responsables de Désirs d’avenir dans la Drôme, à Nyons.

Sur le stand de l’association, on recrute à tour de bras. Aucune cotisation n’est réclamée. L’association royaliste, réactivée après la campagne, travaille à élargir tous azimuts le réseau de l’ex-candidate pour « faire un bout de chemin avec Ségolène dans le parti », explique Gaël, « référent » de l’association dans le 4e arrondissement de Paris. Pourtant, toutes les personnes en contact avec Désirs d’avenir ne sont pas membres du PS. « Nous sommes plus proches des citoyens, avec un fonctionnement "participatif" que les partis sont réticents à mettre en oeuvre », poursuit le militant. Une démarche plébiscitée chez les partisans de Ségolène Royal, face au fonctionnement jugé sclérosé et miné par les rivalités internes du PS. « Tout est à recréer, l’animal est bien malade, on dirait la SFIO sur la fin », juge Joseph, militant à Paris, qui plaide pour « un nouvel Épinay ».

Pour beaucoup, la campagne de Ségolène Royal, en décalage avec les positions traditionnelles de la gauche, est assumée et n’est pas en cause dans l’échec électoral. « Il ne faut pas avoir peur de s’attaquer aux tabous comme les trente-cinq heures, qui ne sont pas faites pour les petits salaires », affirme Joseph. Pour Josie, de Haute-Savoie, c’était au parti de s’aligner sur sa candidate. « Elle a fait un beau score dans la mesure où elle était attaquée par le reste de la gauche, mais aussi au sein du PS », dit-elle, estimant les critiques « ahurissantes ». « Vouloir imposer les trente-cinq heures à tout prix mène à la faillite. »

Marie, trente ans, de Paris, pense que les socialistes « doivent revoir leur grille de lecture. Sarkozy copie Le Pen, on ne sait pas où est François Bayrou et les communistes refusent l’économie de marché… » Pour elle, l’alliance avec le Mouvement démocrate « n’est pas un problème dans les petites villes où l’influence du PC est faible ». « Pour être élu, il faut une majorité », renchérit Denis, enseignant à Niort, qui approuve la stratégie d’ouverture au centre de Ségolène Royal. Idem pour son appel à ne pas « caricaturer » l’action du chef de l’État, lancé à Melle. « On ne peut pas passer son temps à tout critiquer », déclare-t-il. Myriam, étudiante à Rennes, a suivi de près la campagne. « La gauche est trop idéaliste », regrette-t-elle, pour expliquer la défaite. L’étudiante pointe le manque de « précision » des propositions de la candidate. Mais sans excuser ses renoncements. À la question : « Quelle Ségolène Royal préférez-vous, celle qui promet le SMIC à 1 500 euros ou celle qui déclare que c’est impossible », Myriam réplique sans hésiter : « Celle qui m’a fait rêver. »

S. C.

 

 
 
 
 
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