L'Elysée veut réorganiser l'Etat pour le faire maigrir

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LE MONDE | 11.09.07 | 14h34  •  Mis à jour le 11.09.07 | 14h34

 

 

Le calendrier fixé à marche forcée par Nicolas Sarkozy a connu quelques ratés avec l'annulation de son intervention prévue mercredi 12 septembre devant l'Institut régional d'administration à Nantes, sur la réforme de l'Etat et de la fonction publique. Invoquant officiellement des raisons d'agenda, le président de la République a repoussé au 20 septembre la présentation des grandes orientations de cette réforme, qu'il juge fondamentale, comme il l'a rappelé le 7 septembre devant les patrons lors de l'université du Medef.

"Je veux leur dire : vous serez moins nombreux, mais mieux payés (...). Je vais leur dire qu'il faut encourager la mobilité géographique", avait anticipé le chef de l'Etat, à Dax, le 31 juillet. C'était bien avant le faux pas de Christine Lagarde, ministre de l'économie, qui, le 2 septembre, avait annoncé "un plan de rigueur" pour la fonction publique, aussitôt démentie par le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, puis par François Fillon, malgré l'annonce de la suppression de 22 800 emplois.

L'Elysée est convaincu que la réforme de l'Etat ne peut être conduite qu'avec un engagement très fort du chef de l'Etat. C'est, y assure-t-on, une garantie pour l'imposer au plus haut niveau de la hiérarchie des directions centrales de l'administration, que Nicolas Sarkozy envisage d'ailleurs de réduire de moitié.

Le gouvernement peut être tenté de croire que le climat est plutôt favorable à cette évolution, tant dans l'opinion qu'au sein même de l'administration. Selon des enquêtes qualitatives, les quelque 5,2 millions de salariés de l'Etat (49 % des effectifs), des hôpitaux (20 %) et des collectivités locales (31 %) exprimeraient une insatisfaction, si ce n'est une frustration, concernant les obstacles à la mobilité, l'absence de gestion des ressources humaines et de rémunération au mérite. L'Elysée comme Matignon prennent soin de préciser que cette réforme, qui impose une réduction massive des effectifs, ne peut être menée "intelligemment" qu'à condition d'être accompagnée d'une réorganisation des services et des missions de l'Etat.

Durant la campagne, M. Sarkozy avait annoncé qu'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne serait pas remplacé. L'application mécanique de cet engagement, qui ne concerne que l'administration d'Etat et porte sur la moitié des effectifs, suscite à la fois des craintes et des incompréhensions de la part des intéressés. Même si elle est assortie de la promesse de réaffectation de la moitié des gains réalisés pour augmenter les salaires et améliorer le pouvoir d'achat.

Pour 2008, le gouvernement a finalement prévu de supprimer 22 800 postes, dont 11 000 dans l'éducation nationale. Ce chiffre correspond à un départ à la retraite sur trois et non sur deux, objectif repoussé pour la fin du quinquennat. Au total, 88 348 départs sont programmés, dont 16 541 à La Poste.

Selon les projections du Conseil d'orientation des retraites, 543 000 départs sont attendus d'ici à 2015 dans l'administration d'Etat, soit 29 % de ses effectifs, à raison de 55 000 à 62 000 chaque année, avec une légère décélération après 2010. Cette estimation tient compte de l'allongement de la durée de cotisations et de l'alignement sur le régime du privé introduits par la réforme des retraites de 2003.

Pour les syndicats, il importe avant tout de préciser les missions de l'Etat avant de procéder aux coupes claires dans les effectifs. Dans une déclaration commune, le 24 août, ils l'ont fermement rappelé à Eric Woerth, ministre des comptes, et à André Santini, secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique, qui ont engagé une mission de révision générale des politiques publiques pour le printemps 2008.

Les fédérations de fonctionnaires ont aussi fait leurs comptes. Elles évaluent à 6 % le retard de pouvoir d'achat accumulé des dernières années, alors que, faute de négociation et d'accord, ces hausses collectives seront limitées à 0,8 % pour 2007.

La rétrocession promise de 50 % du gain réalisé sur la productivité et les départs à la retraite est loin, selon eux, de compenser cet écart. Selon l'aveu même des ministres, la somme correspond à 500 millions d'euros en année pleine pour un départ sur deux et un peu plus de 300 millions d'euros pour un départ sur trois. "Cela représente 100 euros par an pour chacun des 5 millions de salariés. Soit 8 euros par mois", relève Eric Fritsch (CFDT).

André Santini ne cache pas son intention de changer la règle du jeu pour introduire de nouveaux paramètres de rémunération. Il veut aussi relancer le débat sur les retraites des fonctionnaires, "une sorte de régime spécial" qu'il envisage d'harmoniser un peu plus encore avec celui du privé. Un autre sujet sensible qui sera évoqué lors des quatre conférences que le gouvernement a programmées avec des syndicats méfiants, dès le début du mois d'octobre.

Et les jeunes qui sortent des écoles on en fait quoi ? Avec un système de répartition ce sont bien eux qui paient les retraités à travers leurs cotisaions ?
S'ils sont au chômage parce que moins d'emplois, que se passe t'il ? 

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