Le jour où le PS a implosé

Publié le par webmaster

Il a suffi du projet de remise en cause des régimes spéciaux de retraites pour faire voler en éclat l'unité factice du Parti socialiste.

 

 

En son temps, c'était il y a près de 20 ans, Michel Rocard avait lancé un avertissement resté célèbre : « la réforme des retraites peut faire sauter plusieurs gouvernements… » Et bien voilà le PS qui implose sur ce dossier. Il implose en plein vol, en plein rase motte plutôt alors qu'il tentait péniblement de redécoller après son crash de la présidentielle. Car toutes les contradictions du Parti socialiste sont ressorties plus affirmées, plus caricaturales que jamais au lendemain même des Journées de La Rochelle où ce parti avait voulu donner une image de sortie de crise, l'image télé d'un mouvement apaisé, débarrassé de ses divisions, où l'on se remet à débattre, où l'on range momentanément ses ambitions pour tenter de constituer une opposition cohérente en vue de remporter les élections de demain. Tout ce beau travail de façade a volé en éclat.

Des fractures se sont encore creusées à l'annonce de cet alignement des régimes spéciaux que n'importe quel dirigeant aurait pu anticiper. Or presque rien n'avait été arrêté et réfléchi en amont. Pourtant, Arnaud Montebourg avait promis : « la réforme des régimes spéciaux serait l'illustration de la rénovation du PS ». Ce fut l'illustration de sa décomposition. Les dirigeants socialistes n'ont même pas pris le temps de la réflexion ni de jouer sur les tensions nouvelles entre Matignon et l'Elysée puisqu'il semble bien que le Président souhaitait une méthode plus ouverte, désirait plus de place pour la négociation et que cette manière abrupte d'annoncer que la réforme était déjà bouclée par un Fillon trop désireux d'exister n'a pas plu au Château qui se réserve la possibilité de l'apaisement et du dialogue. Mais, sans tenir compte de ces divergences au sommet, sans jouer sur ces contradictions, sans non plus prendre le temps de la concertation avec les syndicats qui constituent pourtant leurs partenaires privilégiés, les socialistes se sont empressés de montrer qu'ils n'étaient d'accord sur rien.

Ceux qui font profession de rénovation, mais sans avoir rénové grand chose jusqu'ici, sans avoir pris le risque d'une révolution, fut-ce de palais, ces éléphanteaux comme Manuel Vals, se sont dépêchés de soutenir cette future réforme encore non formalisée au nom de la « justice » et de l' « équilibre des comptes publics ». Ce qui lui a valu d'être accusé aussitôt par la gauche du parti, Jean-Luc Mélenchon et Claude Bartolone le fabiusien, de « suivisme de la droite en pleine offensive contre les salariés ». Un affrontement au grand jour qui illustrait bien l'opposition en même temps qu'elle l'aggravait, entre ceux qu'on appelle les réformistes ou les modernistes qui veulent une mise à jour des thèses du parti, une adaptation aux réalités du marché et de l'opinion, en même temps qu'une nouvelle répartition des richesses.

Ces sociaux-démocrates refusent de s'arc-bouter sur les vieilles clientèles électorales. Ceux-là veulent poursuivre l'émancipation du parti par rapport à ses bases électorales d'autrefois, renouer une nouvelle alliance avec les couches montantes urbaines. Une émancipation que la gauche radicale assimile à une trahison. Celle-ci, cette première gauche qui s'est toujours opposée à la deuxième gauche, la gauche américaine, revendique un retour aux fondamentaux, à la classe ouvrière, au peuple de gauche comme à la question sociale. C'est pour avoir abandonné cette question et cette base que le PS dériverait d'échec en échec électoral déboussolé puisqu'à la traîne des humeurs sondagières et des modes passagères. Condamné à n'être qu'un contre-pouvoir local.

Personne au PS n'a la stature suffisante pour imposer une synthèse, un projet qui permette de dépasser les contradictions. François Hollande se contente d'en jouer pour se maintenir à flot en attendant des jours meilleurs. Mais il est sans cesse mis en porte-à-faux, soit par un camp soit par l'autre soit par les deux à la fois. En même temps qu'il se retrouve mis hors jeux par des syndicats qui se passent désormais du PS et tentent eux aussi de nouer un lien avec l'opinion car c'est là, chacun le sait, que se jouera la bataille des retraites. Le pouvoir s'appuiera sur le peuple et une partie du PS contre les syndicats en cas de besoin… La gauche en capilotade se retrouve désormais ballottée par une histoire qu'elle ne maîtrise pas. Emmaillotés par les habitudes et les intérêts électoraux, les socialistes resteront peut-être ensemble mais ils ont si peu en commun qu'on peut se demander s'ils vieilliront encore longtemps de concert. De toute façon, ils ne vivent plus, ils ne s'opposent plus, ils ne rêvent plus ensemble. Ils n'ont que souvenirs et disputes en partage.

 

 

Mardi 11 Septembre 2007 - 14:51

 

Nicolas Domenach

 

 
 
Messieurs les hiérarques du PS, qu'attendez vous pour donner votre démission générale du Bureau National ? Vous donnez un bien triste spectacle. Ayez un peu de pudeur pour régler vos comptes entre vous.
Vous commencez à nous les briser, nous les militants de base.
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Publié dans L'avenir du PS

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