Les «qualifiés» immigrent déjà ailleurs

Publié le par webmaster

Mardi 18 septembre, l'Assemblée nationale a ouvert sa session extraordinaire sur un projet de loi très controversé. Un texte sur l'immigration, qui limite le droit au regroupement familial et complète l'arsenal mis au point dès 2003 par Nicolas Sarkozy pour attirer des étrangers qualifiés. Sitôt élu, le président de la République a défini les objectifs de Brice Hortefeux, son ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement. Atteindre un taux d'immigration économique de 50%. Avec 7%, la France en est loin.

En 2006, sur 140 000 immigrés, seuls 1 1 000 arrivaient pour raison professionnelle. Les autres, pour la plupart originaires d'Afrique du Nord, rejoignaient leur famille. Si une étude du ministère des Affaires sociales constate que 70% d'entre eux travaillent, beaucoup ont un faible ni veau de formation. Selon l'OCDE, 21 % des immigrés en France ont fait des études, contre 34% en Grande- Bretagne ou 46% au Canada. 

D'où le leitmotiv du tandem Sarkozy-Hortefeux : IV immigration choisie». La loi de juillet 2006 en a jeté les bases. Une liste de 62 «métiers en tension», comme maçon ou serveur, a notamment été publiée pour faciliter l'entrée de travailleurs étrangers, y compris ceux d'Europe de l'Est en période de transition. Pour l'heure, les Polonais ne viennent que pour du travail agricole saisonnier, et les immigrés professionnels les plus nombreux sont... les Américains expatriés ! 

«L'objectif des 50% d'immigration économique est irréaliste, pointe le chercheur au CNRS Patrick Weil. Même le Canada en est très loin.» Dans ce pays, l'immigration se fait par un système de points accumulés en fonction des diplômes, métier et expérience. Mais les étrangers sont accueillis avec leur conjoint et leurs enfants. «Restreindre l'immigration familiale fait peur aux qualifiés, qui risquent de choisir d'autres destinations, prévient Jean-Pierre Garson, chef de la division immigration à l'OCDE. La concurrence pour les cerveaux fait rage au niveau mondial.»

 

par Sabine Syfuss-Arnaud


Magazine Challenges | 20.09.2007 |
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