DSK au FMI: Tant pis pour le Sud
Par la tradition d'un pacte non-écrit entre les grandes puissances occidentales, le directeur général du FMI est un Européen. Mais cette fois-ci, alors que Dominique Strauss-Kahn a toutes les chances d'être désigné, les pays émergents font entendre leur voix et réclament au moins des réformes en ce qui concernela "distribution" des postes.
Vu d'ici c'est un boulevard qui s'ouvre vers le FMI au candidat Dominique Strauss Kahn adoubé par Nicolas Sarkozy et la grande majorité des pays européens. Pourtant, l'hémisphère sud, notamment l'Amérique Latine et l'Afrique ne l'entend pas de cette oreille. C'est moins la personnalité de DSK qui est en cause que la règle tacite qui réserve à un Européen le poste de Directeur général du FMI et à un Américain la présidence de la Banque mondiale.
Ce partage des postes par les grands de ce monde commence à susciter quelques agacements de la part des pays dits émergents. Ainsi les sud-américains, s'ils ne parviennent pas à entraver la démarche de leurs collègues américains et européens, espèrent au moins faire entendre leur voix. Le directeur de la Banque Centrale colombienne a d'ores et déjà jugé "inapproprié de parler d'un seul candidat, comme si c'était déjà fait".
Les ministres des finances brésilien et argentin ont chacun leur tour dénoncé ce "pacte anachronique" ou réclamé une "élection" ouverte aux pays en voie de développement. L'Afrique du Sud, elle aussi, qui assure la présidence du G-20, le groupe des vingt économies émergentes et avancées a exprimé son mécontentement. "Il serait malheureux qu'on ne suive pas un vrai processus fondé sur le mérite, permettant une analyse des candidatures de tous les pays membres, avancés ou moins avancés", a déclaré Trevor Manuel, le ministre des Finances sud-africain, qui dit partager cette position avec ses homologues australien et brésilien.
Une banque du Sud alternative ?
Et même en Europe, certains semblent prendre conscience des limites de ces prérogatives des grandes puissances sur les institutions internationales. Ainsi, Pedro Solbes, le deuxième vice-président du gouvernement espagnol, a jugé que la désignation du directeur sortant, son compatriote Rodrigo Rato, avait été "meilleure" car elle avait compté avec l'appui de pays non européens dès le départ. Le nouveau ministre des Finances britannique, Alistair Darling, semble lui aussi remettre en cause ouvertement le partage des pouvoirs actuel tel qu'il a été défini à Bretton Woods. Il souligne que le "gouvernement britannique veut voir quels autres candidats pourraient être mis en avant par le FMI".
Même le FMI a rappelé que "chaque membre de son Conseil d'administration peut soumettre une candidature pour ce poste, sans critère de nationalité". Reste à savoir si les pays émergents vont se lancer dans la course pour barrer la route à Dominique Strauss-Kahn ?
Rien n'est moins sûr tant le poids de l'Europe et des Etats-Unis en tant que principaux bailleurs de fonds du FMI devrait éviter à DSK toute mauvaise surprise de dernière minute. Ajouté à cela que l'ancien ministre de l'économie de Lionel Jospin s'est lancé dans une vaste campagne mondiale de séduction, promettant de se rendre dans toutes les grandes capitales du nord comme du sud.
Pour autant les pays du sud semblent prêts à engager une longue bataille afin d'aboutir à des réformes dans les deux institutions financières que sont le FMI et la Banque Mondiale.
Ainsi en Amérique du Sud, certains pays, et notamment l'Argentine, en faillite il y a encore quelques années, sont parvenus à s'émanciper de la tutelle du FMI, renforçant par la même son indépendance économique.
Plusieurs pays d'Amérique du Sud envisagent même la mise sur pied d'une Banque du Sud alternative au FMI et à la Banque Mondiale tant elles sont jugées corrompues et incompétentes.
C'est dire si la tâche du prochain président sera rude : redéfinir les missions du FMI en ce qui concerne le rôle des pays émergents et revaloriser dans tous ces pays l'autorité d'une institution à l'image fortement dégradée. Tout en préservant, dans le cas d'un retour envisagé en 2012, son label "socialiste" à la tête d'une institution aux valeurs largement libérales. Déjà dans son camp, d'aucuns en doutent. Ainsi Henri Emmanuelli qui se demandait récemment de façon faussement candide si le FMI était le lieu adéquat pour qu'un socialiste "s'épanouisse"...
C'est pas gagné pour DSK, ni pour Sarko d'ailleurs...
Après EADS, où Sarko bien qu'aidé par certains medias français n'a pu faire ce qu'il souhaitait face à l'énervement de nos amis allemands..
La Lybie, parlons-en encore. Cecilia a fait la bise à Kadhafi, Son époux y va à son tour... Mais ne sait-on pas déjà que les Européens commencent à trépigner de le voir prendre pour lui l'affaire des infirmières bulgares... Affaire qui a été négociée pa la Comission Européenne..
Et puis, que va-t-il faire au Darfour avec Gordon Brown?.. Prendre une pelle et creuser pour découvrie le fameux lac souterrain?... Histoire de singer un certain Kouchner et ses sacs de riz?...