Silence (presque) total de Kouchner sur son ménage pour Total en Birmanie

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                       Bernard Kouchner
Mais où est passé Bernard Kouchner ? En pleine révolution birmane, on s'attendait à entendre notre French doctor soutenir ostensiblement la révolution des bonzes. Le ministre des Affaires étrangères est pourtant resté très discret depuis le début de la semaine à ce sujet. Cela pourrait s'expliquer en remontant en 2003. Cette année là, le futur chef de la diplomatie française effectue une mission sur le site de Total en Birmanie (du 25 au 29 mars) pour le compte du groupe pétrolier. Kouchner a encaissé 25.000 euros pour ce luxueux "ménage", et a livré un rapport très favorable à la présence de Total en Birmanie. Une aubaine pour le groupe pétrolier, dont les activités sont régulièrement critiquées par les défenseurs des droits de l'homme qui pensent que la junte militaire aurait mis des travailleurs "forcés" à la disposition de l'entreprise. Fort de ce soutien de poids, Total publie immédiatement le rapport Kouchner sur son site (on peut toujours le consulter sur total.com). Le document ressurgit quand Total doit se défendre dans des procès pour complicité de crime contre l'humanité (à l'insu du French doctor). Kouchner en aurait "blêmi"... Ce n'est pas la polémique (qui enfle) sur le rôle joué par Total dans le maintien au pouvoir de la junte militaire birmane qui va lui faire reprendre des couleurs. Le ministre des Affaires étrangères pourrait payer son "ménage" très cher.

VIDEO 1 (1'03) Sur LCI cette semaine, Bernard Kouchner explique pourquoi, selon lui, Total ne doit pas quitter la Birmanie. Sans mentionner qu'il connaît bien le groupe pétrolier pour lequel il a réalisé sa mission à 25.000 euros.

envoyé par inet

> Le Monde du 05/01/04 avait fait un article très intéressant sur cette affaire. Les non-abonnés peuvent voir l'intégralité de l'article sur jmthivel.com.


Suivez la flèche pour en (sa)voir beaucoup plus.



> Si vous avez manqué le début, allez voir la révolte des bonzes sur DSS.

> Pour en savoir encore plus, consultez le dossier birman (DSS).


> Selon la FIDH (la plus ancienne organisation internationale non-gouvernementale de défense des droits de l’Homme), l’investissement de TOTAL en Birmanie "contribue à maintenir le régime militaire en lui fournissant une source importante de devises, en plus d’une caution morale et politique" (fidh.org). L'association pense que "les contrats passés par Total avec la junte militaire comptent, en effet, parmi les plus importants pour la Birmanie (environ 7% du budget estimé de l’Etat)". Voir aussi le rapport "La Birmanie, Total et les droits de l’homme" (d'octobre 1996).

> Total fait l'objet de plusieurs plaintes pour complicité de crime contre l'humanité dans une de ses filiales en Birmanie (site officiel de Total). Les plaignants relatent le travail forcé massif des employés (dont beaucoup d'enfants) "rémunérés" en munitions (birmanie.net). Selon la plainte, les dirigeants actuels auraient eu "une parfaite connaissance de ces agissements".

> De plus, Aung San Suu Kyi aurait déclaré en 1996 : "Les investisseurs ne devraient pas s'implanter car tout l'argent va à une élite. Je tiens à mentionner la firme française Total qui est devenue le plus fort soutien du système militaire birman" (birmanie.net). En 2000, le gouvernement anglais avait demandé à la compagnie Premier Oil (premier investisseur britannique en Birmanie) de se retirer de ce pays. La France n'a jamais envisagé d'en faire autant avec Total.

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"Comment croyez-vous que je gagne ma vie, moi ?" aurait déclaré Kouchner lorsque les journalistes lui ont demandé pourquoi il avait accepté une mission de Total , selon L'Humanité.

Bernard Kouchner> Vous pouvez voir le rapport Kouchner qui "confirme la qualité du programme socio-économique mené par Total" sur le site officiel de l'entreprise. Kouchner a aussi expliqué qu'il fallait mieux être présent et investir dans ce pays. Le rapport complet, en format PDF, commence sous le nom de BK Conseil mais il est bien signé Kouchner.

> Pour Kouchner, les accusations d'esclavage lancées contre Total sont "des fantaisies". Selon plusieurs journaux alternatifs (comme Le grand soir), en novembre 2005, Total a indemnisé huit Birmans et financé une pseudo ONG, en échange du retrait de la plainte.

> Avant que son nom ne soit associé à la junte birmane (avec la médiatisation du conflit), Total a tenté de s'en démarquer (légèrement). Le groupe pétrolier a affirmé que sa conduite en terme d'éthique "ne dépendait pas des gouvernements en place" (afp.google.com du 25/09/07). Total a aussi affirmé qu'il "partage les préoccupations de la communauté internationale sur la situation politique et des droits de l'homme en Birmanie" mais qu'il est "convaincu que sa présence a des retombées positives durables pour la région".

> Le rapport Kouchner a été réalisé au moment où Aung San Suu Kyi allait être réincarcérée (mai 2003) et que les Américains renforçaient les sanctions contre les entreprises US qui travaillaient en Birmanie. Peu de temps après, la British American Tobacco, une des dernières grandes sociétés anglo-saxonnes implantées en Birmanie, quitte le pays (isr-info.com du 06/11/03).

Dessin contre total > Dessin tiré de totalitarian-oil.blogspot.com.

> Selon l’OIT (Organisation internationale du travail de l’Onu), plus de 800.000 Birmans sont mis au travail forcé par la junte (lepoint.fr du 27/09/07). Aujourd'hui, l'OIT pense qu'il est "impossible de faire des progrès significatifs contre le travail forcé dans un climat d’impunité et de répression des personnes qui en dénoncent les abus".

> La France assure ce mois-ci la présidence tournante du Conseil des Nations Unies. L'une des seules déclarations publiques de Bernard Kouchner que nous avons pu relever est : "Nous avons décidé de convoquer le conseil de sécurité" (afp.google.com du 26/09/07). Le Conseil de sécurité de l'ONU avait, en effet, été convoqué d'urgence pour des consultations sur la Birmanie mercredi. "Cela peut aboutir à un texte de condamnation, de vigilance, d'appui à la mission des Nations unies" en Birmanie, avait dit le chef de la diplomatie française. Cela a finalement conclu à l'envoi d'un émissaire qui ira en Birmanie samedi (edicom.ch du 28/09/07).

> Sein Wein (Premier ministre du gouvernement en exil) dit avoir "assez confiance dans la position de la France" (lepoint.fr du 27/09/07). "Une série de nouvelles sanctions, rédigées par Bernard Kouchner, est en ce moment débattue à l’Onu. Mes espoirs sont réels, et nous attendons beaucoup de la France, qui est une figure emblématique de la démocratie" a-t-il ajouté.

> Nicolas Sarkozy a appelé Total "à faire preuve de plus grande retenue, s’agissant des investissements en Birmanie" et à demander qu'il gèle ses investissements. Une déclaration saluée par beaucoup. Pourtant, le groupe pétrolier français dit n’avoir pas investi un dollar depuis 1998 et ajoute qu'il ne compte pas quitter le pays (latribune.fr du 28/09/07). Le Figaro (du 28/09/07) pense que le gel des investissements français demandé par Nicolas Sarkozy ne changera pas grand-chose car la Birmanie a choisi de tourner son économie vers l'Asie depuis 10 ans. Un diplomate français raille le fait "d'annoncer un gel de ce qui était déjà gelé" (liberation.fr du 28/09/07). Précisons aussi que les ONG qui défendent le droit des Birmans sont très partagées sur les déclarations du président. Certains pensent, en effet, que "la mise en quarantaine risque d'être un remède pire que le mal".

> David Martinon (Porte-parole de l'Elysée) a dû s'expliquer sur les contradictions entre la position du président et de son ministre (newspress.fr du 27/09/07). Une explication très vaseuse (vous pouvez le vérifier en consultant la deuxième question du lien).

VIDEO (3'10) Rama Yade, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, paraît aussi mal à l'aise lorsque les questions se portent sur Total (à partir de 1'10).

> Interrogé par Libération (28/09/07), Olivier de Schutter (secrétaire général de la FIDH) ne mâche pas ses mots contre Total après la déclaration de Nicolas Sarkozy : "C’est un appel bienvenu, mais qui arrive bien tard pour être crédible, histoire de se donner bonne conscience à bon marché. Il ressemble à un aveu. Total est complice des violations des droits de l’homme commises dans ce pays depuis le 9 juillet 1992, date de sa décision d’investir dans le pipeline de Yadana".

> Voir aussi notre dossier TOTAL ment seul. Lorsque Total était déjà empêtré dans des affaires...


AUTEUR LAURENT MACABIÈS (DSS) - desourcesure.com
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